Fiche 2 : Quelles sont les différentes fonctions de l’espace de travail ?
Lors la conception des espaces de travail, Génie des Lieux se réfère au modèle théorique concevant l’espace comme le résultat d’une production sociale. Ce modèle de pensée décompose l’espace de travail à trois niveaux complémentaires, mais indissociables : l’espace conçu, vécu et perçu.
Ainsi, pour « l’habitant », l’espace conçu doit offrir le meilleur confort physique selon la nature de ses activités et usages, en cohérence avec ses modèles de représentation définis selon son identité sociale et culturelle. Ce modèle fait référence à la thèse d’un des premiers grands praticiens et théoriciens en architecture en Vitruve/Marcus Vitruvius Pollio, architecte romain du Ier siècle av. J.-C, et repris plus récemment dans l’oeuvre d’Henri Lefebvre, La production de l’espace (1974).
Dans tous ces différents travaux, on doit avoir égard à la solidité, à l’utilité, à l’agrément : à la solidité, en creusant les fondements jusqu’aux parties les plus fermes du terrain, et en choisissant avec soin et sans rien épargner, les meilleurs matériaux ; à l’utilité, en disposant les lieux de manière qu’on puisse s’en servir aisément, sans embarras, et en distribuant chaque chose d’une manière convenable et commode ; à l’agrément, en donnant à l’ouvrage une forme agréable et élégante qui flatte l’oeil par la justesse et la beauté des proportions.
Vitruve – De architectura (Ier siècle av. J.-C.)
Notre théorie est que la qualité d’un espace produit est une question de cohérence et est le résultat d’un compromis entre ces différentes dimensions. Génie des Lieux complète ainsi cette triplicité de l’espace par l’espace projeté constitué par le temps de co-conception du projet avec les futurs habitants permettant de tendre vers cette recherche de cohérence et de compromis sur le lieu de travail.

L’espace de travail projeté
L’espace projeté offre à l’entreprise une opportunité exceptionnelle et unique. La mise en place d’une démarche de conduite de changement. Celle-ci permettra réellement à l’ensemble des acteurs concernés, de mettre en congruence leurs environnements de travail avec l’ensemble des évolutions majeures actuelles que connaissent les entreprises (transformations numériques, environnementale, sociale, économique…).
Le projet immobilier s’intègre ainsi dans un véritable projet d’entreprise ne considérant l’espace ni comme un droit ni uniquement comme une charge, mais comme une ressource stratégique, managériale et organisationnelle pour une meilleure expérience et qualité de vie au travail.
La conduite du changement inhérente à cette dimension permet d’associer l’ensemble des acteurs de l’entreprise (direction, managers, collaborateurs, partenaires et visiteurs) dans une démarche de réflexion, concertation, expérimentation et évaluation, permettant une compréhension mutuelle des enjeux et une production du nouvel espace/environnement approprié collectivement.

L’espace de travail perçu
L’espace perçu, représentant l’image de l’entreprise, est bien souvent dans les projets prédominant, car il est l’opportunité pour la direction générale de donner sa vision.
Son point de vue, bien qu’indispensable, doit être confronté d’une part à la réalité existante, à son histoire et d’autre part à la vision des autres acteurs de l’entreprise afin d’en appréhender sa cohérence. Des points de vue très différents et contradictoires peuvent être exprimés sur le sens apporté à l’espace. Chacun, suivant son positionnement hiérarchique, son métier, ses propres valeurs, son jeu d’acteur interne, va privilégier des enjeux de pouvoir, d’économie, d’esthétisme ou sociaux.
Les codes de lecture du nouvel environnement de travail devront s’inscrire dans la définition d’un référentiel précisant les tendances en matière de formes, couleurs et matériaux ainsi que les nouvelles règles d’affectation et d’usage en matière d’environnement, d’espace, d’équipement et de services aux occupants. Ce référentiel sera le garant de l’image dans la vie du bâtiment.

L’espace de travail conçu
L’espace conçu se matérialise par des éléments physiques et matériels respectant l’ensemble des réglementations, normes et labels en vigueur (AFNOR, BBC, HQE, LEED, BREEAM…) offrant ainsi le meilleur des conditions de travail en termes de sécurité, sûreté, ventilation, éclairage, acoustique…, selon la nature de l’activité à laquelle l’espace est destiné.
L’espace conçu doit évidemment respecter les nouveaux enjeux de développement durable favorisant par exemple les usages et pratiques permettant de réduire les empreintes carbone, interdisant la mise en oeuvre des matériaux non respectueux de l’environnement ou encore favorisant la mise en oeuvre de produits issus de l’économie circulaire.
La prise en compte de l’innovation par l’expérimentation de nouvelles solutions architecturale et technique doit être également présente tout au long du projet de conception, notamment dans les phases de programmation et de prescriptions, préalable aux choix de mise en oeuvre.
Un certain regard indépendant permet de sortir des solutions habituelles et de renouveler ses références tel que la mise en place d’espaces de coworking pour favoriser le mélange des idées. Une vision indépendante permettra par exemple de mieux repenser la conception des salles de réunion et des espaces de bureaux de chacun.

L’espace de travail vécu
L’espace vécu révélera sa pertinence après l’emménagement lorsque les habitants utiliseront au quotidien leur environnement. Chacun, suivant sa culture et son histoire personnelle, possède des usages et modes de fonctionnement qui lui sont propres. L’individu va adapter l’espace suivant les possibilités qui lui sont offertes selon ses besoins. Inversement, la matérialité de l’espace à travers ses configurations, ses fonctionnalités et ses équipements va favoriser, voire contraindre certains usages, modifiant ainsi les pratiques des individus.
L’enjeu est évidemment de créer les conditions les plus favorables au déroulement des activités souhaitées le long des journées de travail, tout en créant le moins de contraintes afin de répondre à un maximum de pratiques et d’usages différents.
La maîtrise d’usage devient l’enjeu principal des études de programmation et de conception prenant en compte à la fois sa dimension individuelle et collective et son caractère évolutif.
Ainsi, la pertinence d’une démarche intégrant les 4 axes d’approche sociologique pour mener un projet de réaménagement des espaces de travail prend en compte l’ensemble des problématiques. Cela permet de répondre au mieux, et dans la durée, aux enjeux et besoins de l’entreprise.